°Le petit bois charmant et la forêt sombre° – en tournée

Création 2020-2021

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Histoires de loups pour contrer ses peurs

Ecriture et jeu Delphine Garczynska

Scénographie et costumes Violaine de Maupeou

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Petite forme tout terrain ou au plateau

Pour les familles : de 6 à 10 ans

Pour les classes : de la GS au CM1

Durée : 55 minutes

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«    Le lendemain matin le dernier né est réveillé par le bruit de la pluie qui tombe doucement sur le toit : badabam, badabam, badabam….  A côté de lui les deux grands chevreaux, les rassasiés, dorment profondément. Et la chèvre ? Le dernier né cherche sa mère dans la cabane, elle est petite cette cabane, le tour est vite fait. Tiens la porte est fermée ! Qu’est-ce qu’elle dit ? « Maman est partie » ? Comme le chevreau n’est pas d’accord avec la porte, il s’en approche, tête basse, mais la poignée l’arrête : « N’ouvre pas où le loup te mangera ! « . Alors le chevreau regarde par la fenêtre. Devant lui, il y a l’immense forêt, mouillée de pluie.    »

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Des histoires au fond des bois, là où la lumière joue avec les ombres

Le petit bois charmant et la forêt sombre c’est d’abord l’histoire d’une petite fille qui adore aller chercher le courrier dans la boîte aux lettres. Elle attend quelque chose de neuf, quelque chose de merveilleux. Mais comme la boîte reste désespérément vide, la petite fille un jour s’aventure dans les bois car ils ont ce petit goût d’ailleurs qu’elle recherche. La forêt bientôt enserre la petite fille qui se retrouve face à face avec un loup qui lui demande… de chanter ! Alors la petite fille chante, et le loup s’endort !

Un peu plus tard, un peu plus loin, autre histoire, dans les bois tranquilles, une chèvre entre dans une cabane pour donner naissance à ses petits. « Les chevreaux sont nés  » s’écrient les oiseaux et toutes les bêtes de la forêt, « tous nos vœux de tendresse  » sonne une pendule dressée dans la paille chaude. Et les chevreaux bêlent parce qu’ils ont si faim, pensez donc c’est leur première faim ! Mais les petits pleurs, les petits cris des chevreaux, piquants comme des aiguilles, emplissent la forêt et viennent chatouiller les oreilles d’un loup qui dort sous un grand sapin vert…

Dans ces bois sombres il y a aussi trois cochons cachés pour échapper à la casserole de la fermière, trois cochons que l’on connaît bien pour leurs maisons trop légères ou trop dures. Mais saviez-vous que le loup ne se contente pas de souffler sur les cabanes et que c’est le vent sorti de son derrière qui aplatit tout sur son passage ?

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Des contes traditionnels et une écriture personnelle

Le petit bois charmant et la forêt sombre s’ouvre avec l’histoire de La petite fille et le loup, un conte afro-américain où une petite fille se découvre le don d’endormir les loups avec un petit air de musique tout doux mais puissant, magique. Vient ensuite La chèvre et les trois chevreaux, conte plus classique mais ici raconté dans une version russe d’Afanassiev où le loup dévorant doit faire face à une chèvre allaitante très nourricière, dont le lait abonde, une maman-chèvre contenante et rassurante. Enfin la conteuse fait entendre l’histoire des Trois petits cochons dans une version  très triviale qui permet de redécouvrir le conte et d’amoindrir la figure effrayante du loup.

Le petit bois charmant et la forêt sombre ce sont donc trois contes traditionnels dont Delphine Garczynska offre une interprétation sensible et sensuelle. Sensible parce qu’elle cherche l’endroit précis où l’histoire va entrer en résonance avec ses propres émotions et celles des spectateurs. Sensuelle parce que pour qu’images et situations prennent forme, pour que spectateurs et conteuse se fassent « voyants », son langage fait appel à tous les sens dans une écriture orale à fleur de peau.

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Claquer la porte au nez des peurs grâce au jeu

Aussi vieux que les siècles passés, éternel et universel, le loup est le visage que l’on donne aux peurs diffuses, aux angoisses envahissantes sur lesquelles il est difficile d’avoir prise. Le loup c’est la peur de tout ce qui se passe dans le corps pour la première fois, sensations de faim, de froid, d’inconfort ou émotions débordantes, frustration, colère, chagrin, et bien sûr la peur de disparaître tout à fait. Avec Le petit bois charmant et la forêt sombre Delphine Garczynska donne à l’enfant la possibilité de nommer ses peurs, de se réassurer, de les dépasser et de les sublimer.

Cette possibilité est offerte grâce aux histoires et leur contenu dramaturgique mais aussi grâce au jeu de la conteuse-comédienne, tour à tour familier, poétique ou incarné. Ces variations de jeu créent une distance plus ou moins grande avec l’histoire, offrant ainsi aux jeunes spectateurs des images et des situations vivantes et précises qui permettent à l’imaginaire de prendre son envol, mais aussi le recul nécessaire pour apprivoiser ses peurs et leur claquer la porte au nez. En parallèle du pouvoir apaisant des récits et du jeu, l’évolution de l’interprète dans l’espace et son rapport aux accessoires présents sur scène « organisent » les émotions débordantes, circonscrivent les peurs diffuses. Ainsi cette grande forêt inconnue, sans limites, qui faisait si peur, s’apaise, s’éclaire et devient ce « p’tit bois charmant » où l’on peut jouer sans craintes.

dessin original et photo @Violaine de Maupeou