La maison gourmande

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Création 2016

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Ecriture, scénographie, cuisine et jeu

Delphine Garczynska

Tout public à partir de 10 ans

Durée : 1h10

La maison gourmande est le récit de trois contes issus de la tradition orale, Hansel et Gretel, Peau d’Âne et Dame Holle.

D’un point de vue symbolique la maison représente le corps et dans les contes de La maison gourmande CES CORPS ONT FAIM car ils sont en route vers les grandes transformations adolescentes. L’esprit quant à lui serait représenté par la forêt, avec ses ombres et ses clairières, ses rivières à franchir, des feux à allumer pour survivre dans la nuit ou la neige. Lieu de tous les dangers et de toutes les merveilles, LA FORÊT, la grande forêt – qui aujourd’hui pourrait bien être la GRANDE VILLEce lieux de risques et de ressources, avec ses figures féminines initiatrices dévoreuses ou nourricières, va permettre aux héros que sont Hansel, Gretel, Peau d’Âne ou Blanche, de passer de l’enfance à l’adolescence, de courir victorieux et couronnés vers les plaines ensoleillées.

Sur scène une table et une chaise, une lampe de chevet, qui bougent et se transforment selon les besoins de l’imaginaire, du kraft noir et quelques dessins à la craie, des ustensiles de cuisine, un petit four… Car quand je dis que les corps ont faim, ils ont faim : à l’issue de la représentation nous partagerons donc un gâteau cuisiné pour de vrai (entre deux histoires pour de faux), ainsi que quelques fraises cueillies sous la neige…

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Extrait

Dans le vestibule, le père attend. Dans une main il tient une tartine de beurre, dans l’autre une hache. Hansel est dehors, son sac sur le dos il regarde le ciel pâle.

« En route ! »

En quittant la cour Gretel jette un oeil derrière elle, vers la maison : à la fenêtre, sa mère en chemise de nuit blanche lui dit au revoir. Gretel caresse sa mère du regard – sa peau laiteuse derrière la vitre ! – et lui répond par un petit signe mais elle remet bien vite sa main dans sa poche parce qu’elle a oublié ses gants, ça pique.

GRETEL – Ah, qu’est-ce que c’est ? 

Là-haut, sur le toit, la cheminée brille, un rayon éblouit Gretel qui se détourne : « oh ! ». Face à elle, à l’horizon, tout au bout du chemin de pierre, assis entre les arbres de la forêt vieille, le soleil d’hiver s’est levé ! Tout autour le silence plane dans l’azur frais. Seul un pigeon roucoule d’aise à la cime d’un sapin, et s’envole.

GRETEL – J’ai eu envie de courir très fort et je me suis élancée sur le chemin de pierre ! Et j’allais, avec mon frère et mon père, j’allais vers le soleil énorme et la forêt vieille ! J’allais, sautillant de gaité en gaité, parmi les mousses noires et les creux de lumière, auréolée de poussières vertes et d’argent, portée par le murmure des ruisseaux sourds, j’allais le coeur haut, car j’étais partie, j’étais partie, j’étais partie !

Peu à peu la chaleur s’est glissée entre la peau froide de Gretel et le duvet de son manteau. Le père, Hansel, Gretel, ont marché toute la matinée. A midi ils se sont arrêtés pour manger un morceau dans un endroit plus dégagé puis il a fallu se mettre au travail. Hansel et Gretel devaient faire le plus de fagots possibles et le père découper deux arbres tombés un peu plus loin, les découper en billots : « Rendez-vous au même endroit, quand le soleil sera bas, mais pas trop bas, pour avoir le temps de rentrer. Je vous prépare un feu : si vous avez froids, vous n’aurez qu’à l’allumer. »

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